La ferme
Mercredi 27 septembre 1990.
Le jour se lève sur la ferme où vit la famille Daubusson. Cette ferme de vingt hectares se trouve très isolée dans la campagne au bout d'un sentier empierré et ré empierré au fil des ans, à tel point que rien n'y pousse pas même les pissenlits. Une petite exploitation avec dix vaches, un cheval, trois cochons, des lapins et des poules. On y cultive du blé, du foin, des betteraves, des pommes de terre et divers légumes pour la consommation familiale. Des pommiers, pruniers, figuiers et une vigne grimpante, permettent de vivre en complète autarcie.
Le sentier, situé au bout d'un village perdu, est bordé de talus d'ajoncs et de genêts qui contournent des chênes et des châtaigniers. Il faut une bonne raison pour s'y rendre, franchir le porche de granite gris très étroit et entrer dans la cour pavée.
Le silence, seulement troublé par le bruissement des feuilles dans les arbres ou par le roucoulement de pigeons, est assourdissant. Ce temps suspendu ne dure que quelques minutes, car soudain déboule, en aboyant, un molosse impressionnant suivi par un fox-terrier hargneux, RufusVI.
Bienvenue à la ferme des Daubusson.
Aujourd'hui, on enterre Joseph, le patriarche. Jo pour les intimes. Il est décédé samedi dernier.
Chaque jour, Joseph venait s’asseoir sur le banc de pierre près du puits et observait, pensif. À quatre-vingt-onze ans, perclus de rhumatismes, il ne travaillait plus.
Le clocher de l'église a sonné le glas. Le cercueil est là. Toute la famille est réunie. Les amis, peu nombreux, sont venus aussi. Jo en a vu partir avant lui, mais son caractère « taiseux » ne favorisait pas les rencontres et l’amitié.
Le nouveau prêtre avait oublié le jour et l'heure de la cérémonie. Il est arrivé en retard ce qui évidemment n'a gêné ni Joseph ni les participants qui ont ainsi pu bavarder, se retrouver et pour certains faire connaissance.
Jean-Paul
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