Ty Yann
Je talonne mon cousin Yoyo pas à pas, ça l'agace quelquefois; sans lui je serais perdu dans cette grande famille de vieux. Mon arrière-grand-père Jo, lui, il était vraiment vieux des fois, il tremblait de partout. Yoyo devait insister pour que je m’approche de lui, il s'acharnait : « Ty Yann, viens près de pépé Jo ! ». Je voulais faire plaisir alors je venais jusqu'à lui avec la peur au ventre, sa vieillesse m'effrayait surtout que Yoyo m'a dit qu'un jour nous serons comme lui. Il parlait peu pépé Jo, mais il avait toujours un geste vers moi, il cherchait ma main, la serrait, ça me rassurait. À Yoyo il posait sa main toute fripée sur sa tête ça le rendait fier mon cousin, il me l'a dit en secret.
Plutôt délaissé par mes parents, je ne sais pas pourquoi, séparés, ils m'aimaient suivant leurs humeurs. C’est ce que je ressens.
C'est à la ferme que j'apprends. L’école, c’est pas mon truc, alors Yoyo m'oblige à compter les poules, les lapins. Il veut que j'ajoute le nombre de chaque espèce pour avoir la totalité des animaux de la ferme. C'est trop dur surtout qu'ils bougent tout le temps. Mon cousin me dit que je vais y arriver ; aussi, j'écris leur nom sur des vielles ardoises tombées d'un toit.
Aujourd'ui, je me colle à Yoyo, mon cousin copain, pour l’enterrement. C'est impressionnant tout ce monde en noir. Quelques hommes sont au bar, ils attendent la fin de la cérémonie à l’église. Les gens se parlent peu, peut-être même qu'ils s'évitent ou se font la tête.
Moi, je sais que je vais faire tout ce que Yoyo fait, comme ça pas de bêtises en vue et surtout échapper aux regards de Marcel, vissé au bar de la place. Quel drôle de bonhomme !
Christiane
Comments